Selon notre étude, seuls 30%  des professionnels de l’action sociale sont en mesure d’orienter les usagers en difficultés face à internet vers des structures de médiation numérique. Pourtant, nombreux sont les travailleurs sociaux qui, conscients des difficultés soulevées par la dématérialisation des services, souhaitent proposer des solutions d’accompagnement… Paradoxalement, des centaines d’Espaces Publics Numériques, dont la mission est d’aider les Français à progresser sur le web, cherchent à renouveler leurs publics. Les Cahiers proposent un rapprochement – urgent – entre les réseaux d’accompagnement social et les réseaux de médiation numérique. 

Photo : ©SAPIENS

Je t’aime, moi non plus ?

Sur certains territoires, les uns et les autres se fréquentent déjà. Rien d’étonnant quand on sait que, parmi les 7000 lieux de médiation numérique en France, 1600 relèvent directement de l’action sociale (1). La rencontre entre ces deux acteurs aux missions complémentaires a d’ailleurs porté ses fruits, comme l’explique Stéphane Delahaye, délégué régional Provence-Alpes-Côte d’Azur d’Arsenic, association de soutien aux espaces numériques : « L’action sociale est étroitement liée à l’ADN des EPN. En PACA, nous avons des structures de l’action sociale qui sont porteuses de ces espaces : un CHRS (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale), des structures de l’insertion par l’activité économique et des structures de l’accompagnement socio-professionnel ».

Toutefois, il admet volontiers que ces coopérations pourraient s’accentuer pour mieux répondre au besoin grandissant de formation : « Il faudrait qu’on travaille ensemble pour apporter une réponse à des besoins importants mais pour l’instant c’est difficile » dans un univers où « l’intégration de la culture numérique n’est pas toujours évidente » et où les collectivités ne jouent pas toujours leur rôle de mise en relation des acteurs.

Faire un pas, ensemble, vers les usagers

Le maillage des deux réseaux – accompagnement social et numérique- est pourtant dans l’intérêt de l’usager, comme en témoigne le programme SAPIENS, mis en place par le département de la Gironde, qui soutient la collaboration numérique locale entre les EPN et les structures sociales, dans une logique d’innovation sociale. « Un EPN, ce n’est pas un lieu f i gé, où les apprenants viennent et s’assoient sur une chaise devant un ordinateur… D’ailleurs, certaines personnes n’en pousseront jamais la porte ! Nous cherchons à faire évoluer ce lieu pour qu’il soit plus souple et davantage adapté aux besoins des usagers. Ce sont aux EPN de faire l’effort d’aller chercher les publics là où ils ne viendraient pas spontanément. » Elle nous rappelle également que ce changement de pratiques ne nécessite pas l’ouverture de grands chantiers, mais plutôt une réévaluation du rôle et des missions de chacun. Alors que sur tous les territoires, comme en Gironde, action sociale et médiation numérique approfondissent leur relation, chacun doit faire un pas vers l’autre, dans le sens de l’usager.

EPN (Espace Public Numérique) (2) :

Un EPN est un lieu équipé d’ordinateurs connectés à internet, où un ou plusieurs animateurs accueillent et accompagnent les personnes dans l’apprentissage des outils et usages numériques. C’est aussi un lieu où se développent des projets autour des TIC avec des partenaires multiples.

 

(1) Source : Rapport parlementaire « Le service universel des communications électronique au regard des nouveaux usages technologiques : enjeux et perspectives d’évolution », octobre 2014
(2) Source : Etude « Espaces publics numériques et politique de la ville », par l’Agence des solidarités actives et le comité interministériel des villes

Numérique et territoire

Construction de la première stratégie d’inclusion numérique locale sur le territoire grenoblois

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