Le projet : Internet pour tous en habitat social (Brest), un dispositif d’accès accompagné à Internet pour 1.10 € par mois et par logement

Malgré une progression des connexions, les personnes en habitat social, surtout en quartier politique de la ville, restent pour une part en difficulté face aux outils du numérique. C’est à partir de ce constat que Brest métropole océane a développé une politique publique d’inclusion numérique sous la forme d’un volet social de l’aménagement numérique du territoire, basé sur une offre d’accès à bas coût. Mais comme nous savons que l’accès n’est qu’un élément  des usages, cette politique associe à cet accès un possible équipement, un accompagnement et une formation aux premiers pas numériques, une animation du territoire, et un soutien des associations de locataires dans le choix des offres. C’est donc tout un dispositif qui se déploie lentement au rythme des adhésions des structures de quartier et d’un vote positif des locataires. Initié en 2011, il concerne aujourd’hui cinq quartiers de Brest, relevant presque tous de politique de la ville. Ce projet partenarial est mobilisé, par les acteurs des quartiers, comme un support de développement social local.

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© Mathieu Le Gall / Brest métropole océane

A l’origine de la démarche

En complément du déploiement de la fibre optique et de la couverture des zones blanches, la politique d’aménagement numérique de Brest métropole océane a fait le choix de développer un volet « numérique social ».

C’est dans ce cadre qu’est conduit et financé « Internet pour tous en habitat social », qui vise à développer l’accès à Internet et ses usages dans les quartiers populaires. Il est pensé et mis en œuvre en lien étroit avec : le bailleur social et propriétaire des logements, Brest métropole habitat, Numéricable, la Ville de Brest, qui coordonne le projet dans le cadre de sa politique d’appropriation sociale de l’internet et du multimédia, et les acteurs des quartiers.

Les principes de base

Le principe de base qui guide la politique brestoise d’appropriation du numérique est l’accompagnement des habitants dans l’accès à internet et dans la découverte des usages. La singularité du dispositif repose sur un accompagnement renforcé en proximité avec :

  • Une proposition d’équipement en ordinateur à faible coût (40 ou 70 euros), service assuré par une recyclerie ;
  • Des ateliers multimédia gratuits, pour s’initier au numérique, proposés par les équipements de quartiers ;
  • Des conseils juridiques sur la gestion des contrats avec les opérateurs, en lien avec les associations de défense des consommateurs.
  • Le calendrier de proposition de l’offre sur les quartiers est suggéré en fonction de la préexistence, ou non, d’une offre d’accompagnement multimédia de proximité, socle à l’accompagnement des personnes.
  • La dimension multipartenariale et locale du projet est essentielle puisque le projet est lancé après avis, accord et souhait d’implication des acteurs des quartiers, qui le mobilisent comme projet de développement social.
  • Enfin, la collectivité soutient les associations impliquées dans l’accompagnement et coordonne le projet.

Recommandations, écueils à éviter et bonnes pratiques

Une volonté politique forte de faire avec, et d’attention, aux acteurs est nécessaire pour mettre en œuvre un projet qui implique l’ensemble des acteurs du quartier, et qui demande la validation des habitants concernés. Le financement ne correspond qu’à une petite partie de l’excédent réalisé dans la mise en œuvre d’un réseau de fibre mutualisé, encore faut-il que cela soit pensé comme un élément de politique publique de l’aménagement numérique.

Ce qui fait la valeur du projet pour les habitants ce n’est pas simplement l’accès à 1.10 euros, mais bien l’accès, l’équipement et l’accompagnement qui permettent aux personnes de se lancer en confiance et de s’approprier les usages. La dimension collective des ateliers permet quant à elle d’agir sur l’isolement des personnes, leur image et leur pouvoir d’agir.

Il faut prendre en compte l’importance du temps. Travailler ensemble, en confiance, demande un temps long. La multiplicité des partenaires et leur diversité (Institution, opérateur, associations,…) nécessitent un travail de coordination important.

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 Impact & Résultats obtenus

Aujourd’hui, le service est adopté sur sept secteurs représentant 4000 logements. Les personnes, la plupart non connectées, qui choisissent l’offre et l’accompagnement représentent environ 12% des habitants. Ce sont majoritairement des foyers très modestes (dont la majorité bénéficie de minima sociaux), des personnes isolées, et des familles monoparentales.

Les bilans réalisés montrent que les personnes n’avaient pour la plupart jamais touché un ordinateur. Elles reconnaissent d’ailleurs que, sans l’accompagnement (équipement et ateliers), elles n’auraient pas osé se lancer. Un dispositif de reconnaissance des compétences de base, le Visa Internet, permet également aux personnes de faire valoir de nouvelles compétences, dans le cadre d’une recherche d’emploi par exemple. Pour certaines personnes, ce dispositif permet de sortir de l’isolement, de rencontrer d’autres personnes et d’agir avec elles à l’échelle de leurs quartiers.

Les témoignages des bénéficiaires font sens pour l’ensemble des partenaires du projet : ils décrivent le chemin parcouru sur les usages multimédia, mais aussi ce que cela a changé, socialement, dans leur quotidien. Du côté des autres locataires, nombreux sont ceux qui votent favorablement pour le dispositif, par solidarité avec leurs voisins les plus modestes. Une réelle dynamique de développement social solidaire et local est engendrée par le dispositif « Internet pour tous en habitat social ».

Pour aller plus loin

Contact

Elisabeth Le Faucheur, Responsable de projets

Ville de Brest, Service Internet et expression multimédia

elisabeth.le-faucheur@mairie-brest.fr