La robolution* est en marche 

Les robots sont aujourd’hui capables d’interagir avec les humains, révolutionnant notre vie quotidienne, de la même manière que les machines ont transformé notre monde. 

La question est davantage de savoir comment cette cohabitation humain-robot va s’opérer et comment nous allons nous adapter.

*ROBOLUTION
Concept créé en 2010 par l”expert des technologies numériques Bruno Bonnell dans son ouvrage Viva la Robolution !

Peut-on aller jusqu’à envisager, dans le futur, que les robots accèdent à la conscience, éprouvent des émotions, mettent fin au travail et finalement,  se substituent aux humains ?

Nos compagnons d’aujourd’hui seront-ils nos ennemis de demain?

Des robots plus "humains"

On associe le plus souvent les robots à des “machines” androïdes, douées de mouvements, avec une tête, un bras ou un corps animés, humanoïdes (Pepper, Nao parmi les plus connus) ou non (Aibo, le chien robotique par exemple). Il s’agit de robots domestiques, se prêtant aux interactions sociales : Ces nouveaux robots sont dits “sociaux” ou “compagnons”. Leur marché est en plein essor depuis les années 2000.

On évoque aussi les  “logiciels robots” : assistants personnels intelligents, agents conversationnels, encore appelés chatbots qui sont apparus au cours de la décennie 2010.
Ils se multiplient sur de nombreux sites/ interfaces/plateformes de commerce, services, institutions, services publics. Parmi les plus connus on peut citer ceux des géants du Web : Siri d’Apple, Cortana de Microsoft … ou Amazon Echo, Google Home … ayant opté pour un format d’objet stylisé (enceinte).

Tous ces robots se déploient au sein de la société, matériellement ou virtuellement : dans nos entreprises (les robots industriels sont les premiers apparus), nos foyers, certains lieux publics et bien sûr partout avec nous, en permanence, via nos appareils connectés préférés et les assistants vocaux.

Ils sont devenus nos nouveaux assistants personnels cherchant ici à simplifier notre quotidien, à exercer nos tâches à moindre valeur ajoutée ou plus pénibles (le terme « robots » vient du slave « robota » signifiant travail, corvée), ainsi qu’à nous accueillir, nous informer, nous orienter ou nous divertir.

Des robots plus “intelligents”

Le champ des possibles et avec lui, le potentiel de transformation de la société toute entière s’est à nouveau ouvert, avec l’apparition des robots dernière génération disposant d’une intelligence dite « artificielle ». L’apparition récente des techniques d’apprentissage profond (deep learning) et d’apprentissage automatique (machine learning), en faisant bondir la performance des algorithmes et donc de l’I.A (voir à ce sujet notre article sur les datas), leur a permis de s’attaquer à des tâches bien plus complexes …

En se basant sur nos habitudes, les robots s’adaptent à notre langage, vocabulaire et préférences personnelles, pour mieux répondre voire anticiper nos besoins.

C’est principalement le degré de complexité des situations qu’ils sont aptes à analyser et des décisions qu’ils prennent qui les différencient de leurs prédécesseurs. En effet, ils s’appuient sur un apprentissage de leurs erreurs comme peut le faire … l’être humain. Ils apprennent vite, s’adaptent et s’autonomisent.

La cohabitation commence à faire débat avec l’arrivée de ces robots programmés pour interagir avec l’homme en reproduisant des comportements affectifs : robots compagnons de vie, assistants thérapeutiques ou surveillants … en passe d’intégrer nos écoles, nos hôpitaux … De nouvelles fonctions aussi questionnent avec l’arrivée de robots recruteurs, policiers Ces “intelligences matérielles” peuvent même parfois donner l’illusion d’être des interlocuteurs humains.

Le robot intelligent n’existe pas, en tout cas pas encore. Peut-être émergera-t-il dans quelques décennies, mais au prix d’importants progrès non seulement technologiques mais aussi qualitatifs et théoriques.

Cédric Villani

Le Monde du 03/01/2017

Black Mirror, une vision guère rassurante de nos rapports avec les ROBOTS

Pas très euphorisante notre future cohabitation avec les robots dans la série dystopique Black Mirror

La vision d’un monde partagé avec des humanoïdes est plutôt noire dans les scénarios d’anticipation. 

Dans la série Real Humans, sortie en France en 2013, on voyait déjà poindre les déviances liées à l’arrivée des « hubots » (human robots!), commercialisés pour servir l’humain : auxiliaires de vie, ménage, courses, conversation, sexe …, le plus souvent pour des tâches non valorisantes voire dégradantes.

Dans la série dystopique Black Mirror, elle est alarmante. Le principal danger dénoncé était de conduire à une déshumanisation programmée de la société.

L’épisode Metalhead (S4E5) montre ainsi un monde post-apocalyptique où l’extinction de l’humanité a été causée par des robots. Une femme tente de survivre face à un « robot chien » psychopathe qui a été programmé pour tuer mais est lui même très difficile à anéantir. Ici, le robot peut clairement ajuster son comportement pour atteindre son but.

La série montre aussi une guerre du futur où l’homme a créé des combattants post-humains à des seules fins d’anéantissement. Son épisode Men Against Fire (S3E5) nous montre les déviances d’une technologie manipulatrice où un soldat 2.0 voit ses ennemis comme des monstres alors qu’il combat de vrais humains! Il nous rappelle que nos émotions sont essentielles, guident nos vies, influencent nos choix, questionnent nos états d’âme, bref nous rendent humains.

Ce thème trouve un certain écho avec les
robots tueurs, armes autonomes choisissant et frappant des cibles “sans intervention humaine”, souvent décrites comme la troisième révolution dans la pratique de la guerre, mais au-delà, soulève des questions fondamentales liées à l’éthique et la responsabilité. Malgré une mise en garde de l’ONU, leur déploiement continue et inquiète.

L’épisode Be Right Back (S2E1) pointe enfin la dérive “ultime”, en allant jusqu’à “libérer” l’homme de contraintes immuables de la nature comme la maladie ou la mort, via un nouveau service permettant de communiquer avec la personne disparue puis de créer son clone.

Depuis, la réalité n’est pas loin de rejoindre la fiction comme en témoigne le projet Digital Shaman venu du Japon, permettant de remplacer un être cher qui a disparu par un robot avec son visage imprimé en 3D.

Robotique, de nouveaux possibles

La plupart des scientifiques restent aujourd’hui sceptiques face à ces prévisions apocalyptiques d’un futur plus ou moins proche. Non seulement on est loin du contrôle de l’humanité par les robots mais, de plus, de nombreuses initiatives et services rendus possibles par la robotique révèlent et ouvrent de nouveaux champs de progrès pour l’homme.

SERVICES A LA PERSONNE

Un champ de progrès notables apparaît dans le domaine des services à la personne et de la santé, par exemple avec des robots pour assister les personnes dépendantes, seniors ou handicapées.

Pour l’accompagnement des personnes âgées, en Ehpad, maisons de retraite ou à domicile, les robots peuvent faire office de médiateur pour capter un regard, entrer en relation, déclencher une interaction avec ceux qui ont parfois tendance à se replier sur eux-mêmes. Le robot peut alors s’avérer élément déclencheur d’une interaction, d’une stimulation cognitive personnalisée, mais aussi recréer du lien social.

Il est d’ailleurs aussi utilisé pour les enfants ayant des difficultés motrices, intellectuelles, comportementales et sociales. Récemment des expériences montrent que le robot peut améliorer l’habileté sociale des enfants par le travail en groupe et l’engagement dans un projet. Des enfants présentant des troubles de l’attention, des problèmes de communication peuvent être mieux accompagnés.
Le robot rompt l’isolement, la personne retrouve un peu d’autonomie, ce qui favorisera aussi son insertion sociale.

 

MÉDECINE, CHIRURGIE

Partenaires incontournables dans ces secteurs, les robots chirurgiens et infirmiers, de plus en plus présents dans les hôpitaux, participent à des actes de micro chirurgie, moins invasive et perfectible que celle pratiquée par l’homme.

La robotique humanoïde révolutionnant le principe de la prothèse, avec le concept de l’exosquelette (appareil motorisé fixé sur un ou plusieurs membres du corps humain pour lui redonner sa mobilité ou en augmenter les capacités), permet d’étendre les capacités motrices de l’homme.

EXPLORATION

Les robots nous aident aussi à explorer notre environnement, des lieux sensibles, dangereux (sites industriels, installations énergétiques …) ou lointains, inconnus (fonds marins, planètes).

Ils réduisent donc ici les risques pour les humains et peuvent aussi conduire à de nouvelles découvertes.

SOCIAL

Ceci est encore plus directement lisible avec une initiative comme DoNotPay. Ce chatbot US, premier avocat robot au monde comme l’appelle son inventeur, a été créé pour les personnes rencontrant des problèmes administratifs. Au départ simple aide des personnes à régler leurs amendes ou leurs contraventions, il est vite devenu le moyen idéal pour des populations fragiles, peu ou pas toujours prises en charge rapidement et souvent perdues dans les démarches administratives (sans-abri, réfugiés) d’obtenir certaines aides sociales ou d’avancer dans leurs demandes d’asile.

Une initiative prometteuse, encore malheureusement isolée, mais qui démontre que la robotique peut être au service de l’inclusion sociale.

ET DEMAIN, QUELLE (R)ÉVOLUTION ?

Un chatbot, Oscar, a été lancé en janvier 2019 au service de la qualité de vie au travail. La question que l’on peut se poser est la suivante : le salarié peut-il évoquer ses états d’âme ou son mal-être éventuel face aux robots … avec Oscar ? Quelle sera, sur ce point, la réponse apportée par le chatbot-humain derrière la machine ?

Plus sérieusement, quelles sont les perspectives ?

La toute dernière étude du Forum économique mondial prévoit que les machines accompliront plus de tâches que les humains en 2025  tout en anticipant un solde positif de 58 millions de nouveaux emplois générés par la robotisation.

De leur côté, des chercheurs de l’Institut de l’avenir de l’humanité de l’Université d’Oxford, de l’Université de Yale et d’AI Impact ont sondé 350 experts en apprentissage par machine pour prévoir les progrès de l’IA au cours des prochaines décennies. Selon leurs prédictions (avis d’experts), il faudrait en moyenne 45 ans pour que l’intelligence artificielle atteigne un niveau suffisant pour rivaliser avec l’homme dans toutes les tâches, et 125 ans pour qu’elle puisse occuper tous les emplois ce qui nous mène tout de même en 2136 !

En résumé, Robots, amis ou ennemis ?

Notre point de vue : La technologie n’est ni bonne ni mauvaise. Seuls les usages que nous en faisons feront la différence. So let’s Tech Care !